Le père La Purge
de Constant MARIE

Je suis le vieux Père La Purge
Pharmacien de l’Humanité
Contre sa bile je m’insurge
Avec ma fille Égalité

J’ai ce qu’il faut dans ma boutique
Sans le tonnerre et les éclairs
Pour bien purger toute la clique
Des affameurs de l’Univers

Son mal vient des capitalistes
Plus ou moins gras à la ronger
En avant, les gars anarchistes
Fils de Marat, faut la purger !

J’ai du pétrole et de l’essence
Pour badigeonner les châteaux
Des torches pour la circonstance
A mettre en guise de flambeaux

J’ai du picrate de potasse
Du soufre, du chlore en tonneaux
Pour assainir partout où passent
Les empoisonneurs de cerveaux

J’ai des pavés et de la poudre
De la dynamite à foison
Qui rivalisent avec la foudre
Pour débarbouiller l’horizon

Le gaz est aussi de la fête
si l’on résiste à mes joyaux
au beau milieu de la tempête
je fais éclater ses boyaux

J’ai poudre verte et mélinite
De fameux produits, mes enfants
Pour nous débarrasser plus vite
De ces mangeurs de pauvres gens

J’ai pour les gavés de la table
La bombe glacée à servir
Du haut d’un ballon dirigeable
Par les toits pour les rafraîchir

Voleuse et traîtres, bourgeoisie
Prêtres et bandits couronnés
Il faut que d’Europe et l’Asie
Vous soyez tous assaisonnés

J’ai ce qu’il faut dans ma boutique
Sans le tonnerre et les éclairs
Pour bien purger toute la clique
Des affameurs de l’Univers