Le temps des cerises

30 Avr 2021 | Salon de musiques | 1 commentaire

LE TEMPS DES CERISES
Paroles de Jean-Baptiste Clément      Musique de Jacques Renard

 Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur.
Quand nous chanterons le temps des cerises,
Sifflera bien mieux le merle moqueur.

 Mais il est bien court le temps des cerises,
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreilles,
Cerises d’amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises,
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant.

 Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Évitez les belles.
Moi qui ne crains pas les peines cruelles,
Je ne vivrai point sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises,
Vous aurez aussi des peines d’amour.

 J’aimerai toujours le temps des cerises :
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte,
Et Dame Fortune, en m’étant offerte,
Ne pourra jamais fermer ma douleur.
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur.

 

 

 

Jean-Baptiste Clément
Tiré de Les poètes de la Commune par Maurice Choury Ed Seghers 1970

Né le 31 mai 1836 à Boulogne-sur-Seine, fils d’un meunier aisé, Jean-Baptiste Clément quitte très jeune ses parents pour vivre sa vie. Il passe « par trente-six métiers et bien plus de misères », successivement apprenti chez un garnisseur en cuivre, garçon de café, commis d’architecte, terrassier, mais surtout trimardeur.
Grand admirateur de Pierre Dupont il compose des romances ; c’est en Belgique qu’il fait éditer en 1867 l’immortel chef-d’œuvre qu’il a composé l’année précédente à Montmartre, Le temps des cerises, chanson d’amour à laquelle l’agonie de la Commune donnera une signifi­cation nouvelle.
Rentré en France en février 1868, Jean-Baptiste Clément fonde Le casse-tête et collabore à La Réforme. Arrêté le 4 mars 1870 pour délits de presse (« Offenses envers l’Empereur », « provocations à commettre plusieurs crimes ») il est condamné, à une année de prison.
Pendant le Siège des Prussiens il fait partie du 129° bataillon de marche de la Garde nationale. Les réunions publiques l’élisent au Comité de vigilance de Montmartre. Il collabore au Cri du Peuple de Jules Vallès et, après l’insurrection du 18 mars, il est élu à la Commune, par le XVIIIe arrondissement, en compagnie de Blanqui, Theisz, Dereure, Théophile Ferré, Vermorel et Paschal Grousset. Pendant le second Siège son activité est débordante. Il est membre de la Commission des services publics, délégué aux ateliers de fabrication de munitions, membre de la Commission de l’enseignement, délégué à la mairie de Montmartre où il prend en toutes circonstances la défense des locataires, des petites gens, des veuves et des malheureux.
Quand les Versaillais, entrés dans Paris contraignent la Commune à abandonner l’Hôtel de Ville, Jean-Baptiste Clément fait partie des irréductibles qui se replient sur la mairie du XIe, puis sur Belleville. Au matin du 28 mai il est de ceux qui tirent les derniers coups de fusil sur la barricade de la rue Fontaine-au-Roi. Caché chez Camille Henricy, un marchand de bois du Quai de Bercy, il compose en juin 1871 son poème La Semaine sanglante.
Il parvient à gagner Londres où, pour subsister il fera toutes sortes de petits métiers, notamment encadreur d’estampes. Le 24 octobre 1874 il est condamné à mort par contumace. Il ne rentre en France qu’en janvier 1880, après l’amnistie, et habite un modeste logis à Montmartre, 53 rue Lepic où le 14 juillet 1881 il arbore le drapeau rouge. Il milite dans les rangs du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire puis après 1890 aux côtés de Jules Guesde et Paul Lafargue. Pendant près de dix années il mène une active propagande syndicaliste et socialiste dans le département des Ardennes, parcourant la province, y organisant des points d’appui pour le peuple révolutionnaire de la capitale et cherchant à gagner des alliés à la classe ouvrière. Condamné à deux ans de prison pour son action au lct mai 1891, sa peine est réduite en appel à la suite d’un vaste mouvement populaire de protestation.
En 1895, prématurément vieilli, il accepte un petit emploi à la mairie de Saint-Denis et finit ses jours comme gérant de la librairie socialiste boulevard de Clichy, le 23 février 1903.

Chansonnier, journaliste, Jean-Baptiste Clément a également révélé de vrais dons d’écrivain dans La revanche des Communeux, ouvrage publié en 1886, où il excelle à recréer la réalité par des portraits rapidement brossés et un dialogue riche en couleurs.

Jean-Baptiste Clément photographié par Nadar

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1 Commentaire

  1. Catherine

    Merci pour ce splendide travail et ce partage…
    C’est précisément pour ce poème que mon fils s’appelle Clément, Jean-Baptiste
    Cordialement

    Réponse

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