« Si j’ai choisi de t’écrire Pierre, c’est que j’ai préféré m’adresser à toi plutôt que de parler de toi. Il m’a semblé ainsi réduire, effacer même par instants, la distance qui sépare la vie de la mort. »

Il y eut une rencontre décisive dans la vie de Robert Bober, celle avec Pierre Dumayet (1923 – 2011), journaliste, écrivain, qui a introduit les livres et la littérature à la télévision avec Lecture pour tous, puis Lire c’est vivre, qu’il présentera pendant plus de quinze ans. Robert Bober devenu réalisateur à la télévision collabore étroitement avec Pierre Dumayet. Et c’est à lui, aujourd’hui, que Robert Bober s’adresse dans une longue lettre-récit, accompagnée de nombreuses images (photographies, films, illustrations).

Odile

Par instants, la vie n'est pas sure

par Robert Bober, lu par Odile

« …C’est ce soir-là, j’en suis sûr, que j’ai appris à écouter les silences. Ceux d’André étaient impressionnants. Comme s’ils permettaient aux mots de ne pas s’égarer, d’y trouver un abri. Et ton écoute attentive accompagnait ses silences. C’est peut-être ce soir-là que j’ai appris que les silences étaient aussi une manière de poser des questions.

Et je pense que c’est en souvenir de cet entretien que plus tard tu as écrit : « J’aime mieux un type qui se tait, un type qui laisse venir ses mots, qui les attend un peu, qui se conduit face à une caméra comme on se conduit face à une page blanche… »

« …Sami Frey lisait et nous avons vu. L’écoute coincidait avec la vision. Le silence, l’espace qu’il laissait parfois entre deux mots, semblait nous faire entendre celui que mettait Perec avant de l’écrire. Et nous, de l’attendre avant de l’entendre, nous mettait devant cette évidence : le mot, toujours, comme une parole vivante, sonnait juste.

Peut-être est-ce comme ça qu’il faudrait lire les livres qu’on aime. Ou plutôt les relire. A voix haute. »