Disparition du verbe
Sur le modèle des extraits du livre de Loïc Demey « Je, d’un accident ou d’amour » posté par Odile dans le salon de lecture, écrire un texte sans verbe.
Sujet : « Un printemps confiné »
Disparition du verbe
Sur le modèle des extraits du livre de Loïc Demey « Je, d’un accident ou d’amour » posté par Odile dans le salon de lecture, écrire un texte sans verbe.
Sujet : « Un printemps confiné »
Sous le tilleul
La nuit après le jour de chaleur sèche
Les parfums lourds des fleurs de tilleul
La pluie
Ajout subtil d’humeurs mouillées
Les larmes infusées de tes feuilles
Tourniquet de l’esprit
Autour de tes volutes
Entêtement du nez
Sirop douceâtre dans les profondeurs d’une gorge
Sommeil profond comme une abysse
Tilleul aux abeilles
Ton miel doré
Sur mon cœur
Le confinement, sur mon canapé, l’ordi sur mes genoux, un matin. La nuit encore derrière les volets ouverts, loin de la lampe rose.
Dans la cuisine, la machine à café, tendrement, quelques murmures de vapeur ténue, l’arôme réconfortant du café chaud. Un dernier soupir de l’engin et puis le silence. Le café prêt.
Les petits bruits de la maison, la respiration régulière de la petite chienne auprès de moi, le clic des touches du clavier, le ronronnement doux de l’ordi.
Étrange période, comme une parenthèse de la vie… Un matin comme tous les autres et pourtant tout changé. Le monde maintenant juste autour de la maison, de la tasse de café brûlant.
Quelques oiseaux sur les branches de l’arbre, dans le jardin. Bientôt, leurs trilles dans le salon.
Le monde pour eux.
Elles très douées
moi pas écriture
tant mieux pour elles
tant pis je.
FV
Mon passeport à la main sans vie, sans vis-à-vis.
Je, visage en dépaysage.
Funambule vagabond dans aéroport en déréliction.
Impossible partance à moins qu’une mouette ou un vol d’oies sauvages ?
Sans cours de pilotage, envol interdit.
Ma malle en attente dans port exotique
Je, oubli d’adresse
Dans ma tête, en freestyle sur sa trottinette, Watteau à Cythère .
Moi, débarquement six pieds sous terre.
-Mon homme rangé, peu confiné à l’étranger.
Deux êtres sans-à-l’autre-bout-du-Wifil.
Festival de correspondance muette.
Branchement d’âmes sur nos cœurs tam-tam.
Une liane de sa pensée à la mienne.
Lui Tarzan, Moi Jane
Débrouille et bidouillage à l’africaine.
Drôle d’endroit pour une rencontre !
Beau. Douche glacée plaisir, café balcon Nadine, fleurs d’oranger Marie-Pierre….Difficile abandon après, pas de verbiage inutile, cauchemar noir, pensées tristes et solitaires soudain envolés…Légèreté, joie retrouvées. Printemps, temps présent, silence. Merci…
V’là l’printemps
L’printemps du confin’ment
Merle siffleur au jardin de cinq heures du matin à fort tard le soir
Herbes, plantes, fleurs, grosse bousculade dans les plate-bandes
Bleu bleu de ciel sur jaune des pissenlits
Jaune jaune du soleil sur pâle mauve des iris
Plantain plantain bon à tout, bon pour tout, piqures de guêpes, d’orties, pesto, salade et fleurs en omelette
Artichaut royal de madame Rouanet chez moi aussi si si bon en vinaigrette
V’là l’printemps
L’printemps du confin’ment
Fleurs de jasmin sur tranche d’orange brillante, parfum subtil doux acidulé
Explosion de lavande régal des abeilles
Force virile et grave de l’aloe vera, ronde de ses petits tout autour de lui
Le chat couic la souris, mais mésanges et œufs au nid
Et moi dans tout chat, et moi dans tout chat ?
Porte close … mais yeux fenêtres sur tout chat.
La nuit duvet ouvert sur canapé usé.
Matin fenêtre d’ouverture sur verdure. Musique en café céréales. Balcon.
Émergence du silence.
Écran du lien au monde. Échanges connectés. Avis débat discours émois. Inspire. Je jogging de sortie. Balade errance voisin voisine. Expire.
Air pur lumière ventée. Le souffle.. Foulée marine, l’air du large, la vie.
Partage sourire et coude collé. Le bleu le ciel la mer Zéphir. Volatile.
Ou bien colère zébrée et gouttes de pluie. Goélands assoupis.
Les pas vers le plaisir d’estomac. Chou gratin quiche ratatouille du soleil.
Les gants le gel les masques.. les yeux. Lueurs de peur, sourire figé.
La sueur d’une mouvance erratique au pas cadencé. Jeu logis de retour.
Jeu légumes en sauce.. info visuelle. Pas de fumée sans feu..
Un jazz sarcastique. Logistique rhétorique..
Écran de l’écrit en boucle. Pipe bouchée. Les mots à tire-d’aile.. poétique en vol.
Pose fumée café au balcon.
Sous moi les promeneurs se mains dans les poches en bol de soleil.
Le chien se sieste au jeu des ombres, Avec torsade de queue frénétique.
Écran de retour, et ronde des mots en cible du juste. Cavalcade de polices face aux prunelles, défilé bien rythmé… Ou métronome déphasé. Un jet continu.
Et puis visites virtuelles, Grévin rénové, Bacon à Beaubourg, Le Louvre à l’envers.. Je docus cadencés sur arte, la culture confinée, la science avec conscience, la nature revisitée, l’intelligence synthétique sans panique..
Le monde au bout des doigts, les yeux aux oreilles de velours.
Marre du corps cassé à l’angle aigu.
Jaillissement au firmament.. expulsion évasion aux confins du quartier.
Je soulèvement des pieds et des bras pour l’envol de l’esprit. Liberté chérie.
Jeu Carrefour des gens papotant gouttelettes, touche à coude distanciée.
Les flots vagues d’humeur houleuse, un reflet miroitant, ciel d’azur innocent. Rêve de soleil au creux du lit, les draps rouge sang. Un trésor infini.
Ritournelle du bercail reposant.
La musique aux pieds d’argile, les acteurs en apnée sur l’aquarium docile.
Image figée, rêve sans limite..