En ce mois de mars 2021, nous consacrons bon nombre de nos publications à des écrits ou témoignages sur des femmes qui ont par leur activité, leur art, leur intelligence, leurs écrits, laissé des traces qui méritent d’être mises au jour.
Isabelle Autissier est une navigatrice française, ingénieure agronome, première femme à avoir accompli un tour du monde lors d’une compétition, en 1991. Elle est également écrivain et présidente d’honneur du WWF-France.
Cette vidéo est consacrée à des échanges entre quatre membres de l’association à propos de la navigatrice Isabelle Autissier.
Isabelle Autissier : Soudain, seuls
Un couple de trentenaires partis faire le tour du monde. Une île déserte, entre la Patagonie et le Cap Horn. Une nature rêvée, sauvage, qui vire au cauchemar.
Un homme et une femme amoureux, qui se retrouvent, soudain, seuls. Confrontés à des conditions extrêmes.
Et surtout à eux-mêmes.
Comment lutter contre la faim et l’épuisement ? Et si on survit, comment revenir chez les hommes ? Voilà le vrai sujet de ce roman haletant qui fait la part belle, comme toujours chez Isabelle Autissier, aux descriptions fines des lieux et des personnages.
Soudain, seuls
Isabelle Autissier : Soudain, seuls (premières pages)
Ils sont partis tôt. La journée promet d’être sublime comme savent parfois l’être ces latitudes tourmentées, le ciel d’un bleu profond, liquide, de cette transparence particulière aux Cinquantièmes Sud. Pas une ride à la surface, Jason, leur bateau, semble en apesanteur sur un tapis d’eau sombre. Les albatros, en panne de vent, pédalent doucement autour de la coque. Ils ont tiré l’annexe [le canot qui leur a permis d’accoster sur cette île déserte], bien haut sur la grève et longé l’ancienne base baleinière. Les tôles rouillées, dorées par le soleil, ont un petit air guilleret, mêlant les ocres, les fauves et les roux. Abandonnée des hommes, la station est réinvestie par les bêtes, celles-là mêmes que l’on a si longtemps pourchassées, assommées, éventrées, mises à cuire dans les immenses bouilleurs qui, maintenant, tombent en ruine. Au détour de chaque tas de briques, dans les cabanes écroulées, au milieu d’un fouillis de tuyaux qui ne vont plus nulle part, des groupes de manchots circonspects, des familles d’otaries, des éléphants de mer se prélassent. Ils sont restés un bon moment à les contempler et c’est tard dans la matinée qu’ils ont commencé à remonter la vallée. […]
Arrivés au premier ressaut, avant de perdre la mer de vue, ils font une pause. C’est si simple, si beau, quasi indicible. La baie encerclée de tombants noirâtres, l’eau qui scintille comme de l’argent brassé sous la légère brise qui se lève, la tache orangée de la vieille station et le bateau, leur brave bateau, qui semble dormir, les ailes repliées, pareil aux albatros du matin. Au large, des mastodontes immobiles, blanc-bleu, luisent dans la lumière. Rien n’est plus paisible qu’un iceberg par temps calme. Le ciel se zèbre d’immenses griffures, nuages sans ombre de haute altitude, que le soleil ourle d’or. Ils restent longtemps fascinés, savourant cette vision. Sans doute un peu trop longtemps. Louise note que ça grisaille dans l’ouest et ses antennes de montagnarde se déplient, en alerte. […]
Il est déjà 14h […] lorsqu’ils atteignent la dernière crête. Un cratère de plus d’un kilomètre de long s’ouvre en un ovale parfait. Il est entièrement vide, ses flancs tapissés de cercles concentriques laissés par le recul de l’eau, comme la lunule d’un ongle géant. De l’eau il n’y en a plus du tout. Par un étrange phénomène de siphon, le lac s’est vidé sous une barrière rocheuse. Posées sur l’ancienne cuvette, il ne reste que de gigantesques glaces, certaines de plusieurs dizaines de mètres de haut, témoins du temps où elles ne faisaient qu’un avec le glacier en contrebas. Depuis combien de temps sont-elles là, serrées comme une armée oubliée ? Sous le ciel maintenant gris, les monolithes, constellés de vieille poussière, dégagent une poignante mélancolie. […]
Ludovic dévale déjà la pente en hurlant de plaisir. Ils errent un moment au milieu des glaces échouées. De près, elles semblent sinistres. Les blancs et les bleus, d’ordinaire éclatants, sont souillés de terre. Une lente fonte ternit leur surface, leur donnant l’aspect d’un parchemin bouffé par les insectes. Malgré cela, ils sont subjugués par cette sombre beauté. Leurs mains glissent sur les alvéoles usées, caressent la paroi froide en rêvant. Ce qui fond sous leurs yeux existait bien avant eux, bien avant qu’Homo sapiens ne vienne bouleverser la surface de la planète. Ils se mettent à chuchoter comme dans une cathédrale, comme si leurs voix risquaient de briser un fragile équilibre.
La pluie qui se met à tomber interrompt leur contemplation.[…]
Ils regrimpent le cratère et dévalent la pente vers l’ouest de la vallée. Leurs vestes claquent déjà sous la brise, leurs pieds glissent sur les pierres humides. Le temps a changé à toute vitesse. En atteignant le dernier col, ils notent, sans un mot, que la baie ne ressemble en rien à la paisible vision de l’aller. Une méchante fée l’a changée en une surface noire brouillée de lames rageuses. […]
[Le couple tente en vain de rejoindre leur bateau mais la mer déchaînée refoule violemment leur canot à plusieurs reprises.]
Louise s’est laissée tomber à terre. […] Des larmes coulent, invisibles sur son visage que la pluie fouette. Ludovic donne un coup de pied rageur qui fait s’envoler une gerbe de sable. La frustration et la colère l’envahissent. Saleté de pays ! Saleté d’île, de vent, de mer ! Une demi-heure, une heure plus tôt au maximum, et ils seraient à ce moment en train de se sécher devant le poêle en riant de leurs aventures. Il enrage de son impuissance et d’un sentiment de remords qui s’insinue douloureusement.[…]
Ni l’un ni l’autre n’ont envie de commenter la situation. C’est, ils le savent, un terrain dangereux où ils risquent de s’affronter : elle, la prudente, lui, l’impétueux. L’explication viendra plus tard, quand ce désagréable épisode sera derrière eux. Ils referont l’histoire, elle lui prouvera qu’ils ont été inconscients, il rétorquera que c’était imprévisible, ils se chicaneront puis se réconcilieront. C’est presque devenu un rituel, une soupape de sécurité à leurs différences. Personne ne s’avouera vaincu, mais chacun, sûr de son bon droit, acceptera une paix des braves. Pour le moment, il faut faire front ensemble.[…]
[Le couple a trouvé refuge pour la nuit dans les ruines de la station baleinière.]
C’est un rayon de soleil qui tire Louise de sa léthargie. Jusqu’à l’accalmie elle a cauchemardé. […] Ils s’ébrouent, ankylosés. […] Ils se sourient, ramassent leurs affaires et quittent la pièce. Dehors, le ciel resplendit aussi fort que la veille. « Foutu pays, non ? » Sur le pas de la porte, ils ont exactement la même impression. Une poigne violente leur agrippe le ventre, une bouffée âcre leur remonte dans la gorge comme une brûlure, un tremblement incontrôlable les agite. La baie est vide. « … le bateau… pas possible… plus là… »
Isabelle Autissier : ingénieure
Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes
En 1978, Isabelle Autissier sort de l’École Nationale Supérieure Agronomique de Rennes avec un diplôme d’ingénieur agronome, spécialisation en « gestion halieutique« , c’est à dire la gestion des ressources de la mer ; cette spécialisation intègre une approche de type développement durable. La gestion halieutique détermine la politique de pêche.
« Sur une promo de quatre-vingts élèves, nous devions être cinq filles à l’école d’agro de Rennes. Et pas forcément bienvenues : on s’étonnait de voir dans les rangs des élèves un certain nombre de jeunes filles qui, donc, risquaient de prendre la place des garçons, alors que leur destin logique était de « s’évaporer dans le mariage ». »
En 1994, pour sa deuxième participation à la « BOC Challenge », course autour du monde à la voile en solitaire par étapes, Isabelle Autissier démate au sud de l’Australie et doit lutter pour sa survie avant d’être secourue par un autre voilier.
A son retour, avec le soutien d’un architecte naval, elle invente la « quille basculante » encore appelée « quille pendulaire ». Ce système assure plus de stabilité et d’efficacité quand le bateau est sous le vent, tout en nécessitant moins d’effort de la part du navigateur.
Principe de la quille basculante
Le Monde : Comment devient-on une pionnière ? Une femme qui transgresse, trace son chemin et s’impose dans un univers jusqu’alors essentiellement masculin ?
Isabelle Autissier : En se fichant des clichés et destins assignés par le genre. En se moquant des normes, en ignorant toute limite que quiconque voudrait imposer aux femmes. Et en refusant spontanément qu’il puisse y avoir la moindre différence entre les libertés et ambitions des filles et celles des garçons.
Isabelle Autissier : navigatrice en solitaire
« Les filles ont beaucoup de mal à intégrer un équipage de garçons. On n’en veut pas ! On croit qu’elles ne sont pas aussi costaudes, qu’elles n’ont pas assez d’expérience, qu’elles vont foutre la pagaille entre les mecs… Les pires clichés sont encore en vigueur. Alors, très naturellement, les navigatrices se tournent vers le solo. »
En 1991, Isabelle Autissier termine septième au « BOC Challenge » en réalisant l’exploit d’être la première femme à faire un tour du monde en course en solitaire.
Cette réussite la pousse à abandonner l’enseignement pour se consacrer entièrement à la course au large. En 1994, lors de l’édition suivante, son voilier démâte puis est détruit par une vague au sud de l’Australie.
, elle participe au « Vendée Globe« , course en solitaire sans escale, au cours de laquelle elle est mise hors course suite à un arrêt pour réparer le gouvernail endommagé, mais elle repart pour finir ce tour du monde et arrive quatre jours après le vainqueur. Au cours de cette course où les concurrents ont affronté des conditions extrêmement difficiles, elle fait demi-tour en pleine tempête pour essayer de secourir un autre concurrent, mais elle finit par reprendre sa route après avoir lutté contre des conditions extrêmes qui feront se coucher son bateau à plusieurs reprises.
En 1999, au cours de sa dernière course en solitaire autour du monde, elle chavire et son bateau reste à l’envers ; un skipper la sauvera. C’est probablement cet accident qui accélére la décision d’Isabelle Autissier d’abandonner les courses en solitaire. Elle continue néanmoins quelques courses en équipage.
Au départ, j’ai pu être agacée que l’unique question me concernant se résume à : « Qu’est-ce que ça fait pour une femme ? », qui n’était pas si loin du « Mais qu’est-ce qu’elle vient faire là ? » Et puis il y a eu ces milliers de messages de femmes dispersées sur la planète, ou croisées n’importe où, qui disaient : « Vous me donnez de la force ! », « Vous me montrez que moi aussi, sur mon terrain, je peux faire des trucs. » Vous n’imaginez pas le nombre de témoignages bouleversants, du style : « Vous m’avez aidée à me battre contre mon cancer… ».
Isabelle Autissier : militante
L’engagement, je connais ! Et si j’ai fait une longue parenthèse qui correspond d’ailleurs à l’effondrement de beaucoup d’organisations et d’idéologies, je retrouve dans les mouvements environnementaux et le WWF (Fonds mondial pour la nature) un terreau et des envies de militer. Oui, il y a urgence à agir pour sauver la vie des êtres humains sur cette planète.
En , Isabelle Autissier est élue présidente de la branche française du « World Wildlife Fund« (WWF). A ce titre, elle participe à la fameuse « COP21 » de Paris en 2015. En jnavier 2021, elle cède la présidence à Monique Barbut mais reste « présidente d’honneur » de la fondation.
Elle parle du WWF comme d’une « organisation à la démarche plutôt pragmatique, dont la raison d’être est de convaincre tant les hommes politiques que les entreprises ou l’opinion qu’il y a des solutions à trouver et à mettre en œuvre« .
Au-delà de ses engagements pour la préservation de la planète, Isabelle Autissier est aussi perçue comme une icône du combat féministe.
« Je trouve extrêmement saines cette libération de la parole des femmes et l’émergence mondiale d’un mouvement qui dit : ça suffit les violences ! Ça suffit les humiliations ! Mais vous savez, rien ne se fera sans les hommes. Le combat doit être mené ensemble ! Les sociétés où les rapports hommes-femmes sont bloqués et inégalitaires ne sont pas des sociétés heureuses. »
« Je me réjouis d’avoir contribué à élargir l’imaginaire des femmes, à incarner une sorte d’accomplissement, à combattre l’idée qu’il puisse y avoir des domaines réservés aux hommes. »
Isabelle Autissier : romancière de talent
Prix Femina 2019 pour « Oublier Klara »
« De l’extérieur, j’ai peut-être un côté touche-à-tout, mais pas de mon point de vue. Je suis allée vers la littérature comme j’étais allée vers la course au large, avec l’envie de voir ce que c’était, l’idée que quelque chose de nouveau commençait, que j’allais devoir travailler, mais que j’allais aussi apprendre des choses. »
Isabelle Autissier publie depuis 1996.
Ses principaux romans restent « Seule la mer s’en souviendra » (2009), « L’amant de Patagonie« (2012), « Soudain, seuls » (2015) et « Oublier Klara » (2019).
Ses écrits ont été récompensés par de nombreux prix dont le Prix Genevoix 2013 pour « L’amant de Patagonie » et le Prix Femina 2019 pour « Oublier Klara ».
Isabelle Autissier a aussi présenté des émissions de radio comme la série « In extremis« en 2016 et « Les récits d’Isabelle Autissier » en 2012 sur France Inter ou « A voix nue« sur France Culture en 2020.
« S’aventurer en mer avec Isabelle Autissier donne au lecteur la certitude que chaque détail sera vrai, et chaque sensation exacte. Il pourra se concentrer sur le récit et les personnages, sans se demander à tout instant si c’est vraiment ainsi que souffle l’alizé, que la grand-voile s’affale ou que le pilote automatique prend du jeu. […]
Ce roman s’inspire d’un fait réel, qui avait bousculé le premier Golden Globe organisé par le Sunday Times, en 1969. Rencontrant des difficultés en mer, l’un des concurrents, Donald Crowhurst, avait transmis de fausses informations pour faire croire qu’il continuait ce tour du monde, avant, semble-t-il, de sombrer dans la folie et de se suicider. Le personnage imaginé par Isabelle Autissier lui ressemble comme un frère : ce Peter March, Anglais né en Inde, s’est lancé lui aussi dans la compétition après avoir inventé un nouveau dispositif de navigation, mais sans préparation suffisante et avec le souci de sauver son entreprise en difficulté. »
Robert Solé, Le Monde
Dans ce roman, Isabelle Autissier alterne brillamment les narrateurs, une manière de montrer les états d’esprit et les cheminements des différents personnages. On retrouve des variantes de ce parti pris d’écriture dans ‘Oublier Klara’ et ‘Soudain, seuls’.
1880, Ouchouaya, Patagonie. Orpheline farouche, Emily l’Ecossaise a 16 ans. En cette période d’évangélisation du Nouveau Monde, Emily est envoyée en Patagonie en tant que « gouvernante » des enfants du Révérend. Elle qui ne sait rien de la vie découvre à la fois la beauté sauvage de la nature, les saisons de froid intense et de soleil lumineux, toute l’âpre splendeur des peuples de l’eau et des peuples de la forêt. La si jolie jeune fille, encore innocente, découvre aussi l’amour avec Aneki, un autochtone Yamana. Alors, sa vie bascule. Réprouvée, en marge des codes et des lois de la civilisation blanche, Emily fugue, rejoint Aneki et croit vivre une passion de femme libre. Jusqu’au drame.
Mourmansk, ville perdue au Nord du cercle polaire. Sur son lit d’hôpital, le vieux Rubin se sait condamné. Seule une énigme le maintient en vie : alors qu’il n’était qu’un enfant, Klara, sa mère, chercheuse scientifique à l’époque de Staline, a été arrêtée sous ses yeux. Qu’est-elle devenue ? L’absence de Klara, la blessure ressentie enfant ont fait de lui un homme rude. Avec lui-même. Avec son fils Iouri. Le père devient patron de chalutier, mutique. Le fils aura les oiseaux pour compagnons, et la fuite pour horizon puisqu’il s’exile en Amérique, tournant la page d’une enfance meurtrie.
Mais à l’appel de son père, Iouri, désormais adulte, répond présent : ne pas oublier Klara ! Lutter contre l’Histoire, lutter contre un silence. Peut-on conjurer le passé ? Dans son enquête, Iouri découvrira une vérité essentielle qui unit leurs destins.
« Oublier Klara » est une magnifique aventure humaine, traversée par une nature sauvage, tissée au fil de trois générations traversant les bouleversements du peuple russe passant du stalinisme à la perestroïka.
Marceline Desbordes : « Rêve d’une femme » – Mis en musique par Franck Berthoux
Marceline Desbordes (1786-1859) est la fille d’un peintre en armoiries, devenu cabaretier, après avoir été ruiné par la Révolution et d’une mère fileuse. La jeune fille de quinze ans et sa mère, séparée du père, embarquent pour la Guadeloupe afin de chercher une aide financière chez un cousin aisé, installé là-bas. Le voyage entrepris, devient un véritable calvaire : sa mère est emportée par une épidémie de fièvre jaune.
De retour en métropole près de son père à Douai, Marceline devient comédienne dès l’âge de seize ans. Puis elle se consacre à l’écriture. Contemporaine de Lamartine et Baudelaire, elle fut la seule femme élevée par Verlaine au rang de « poète maudit ». Sa vie est émaillée de nombreux deuils et de chagrins d’amour. Elle commença très jeune à écrire et publier (1819). Elle participe intensément à la vie culturelle de son temps, dont témoignent les nombreux poèmes adressés à des contemporains (Dumas, Lamartine, Baudelaire, Sainte-Beuve, Hugo…) Elle écrit également des contes pour les jeunes. Elle fréquente le salon de madame Récamier quand elle séjourne à Paris mais est souvent éloignée des cénacles parisiens pour suivre son mari, Prosper Valmore, comédien qui peine à trouver des engagements. Marceline Desbordes-Valmore meurt à Paris le 23 juillet 1859, après avoir survécu au décès de presque tous ses enfants, de son frère et de maintes amies. Elle fut surnommée « Notre-Dame-des-Pleurs » en référence aux nombreux drames qui jalonnèrent sa vie.
Stefan Zweig lui a consacré une biographie en 1902 « Marceline Desbordes-Valmore » dans laquelle il adresse un vibrant hommage à la poétesse.
Rêve d’une femme – Marceline Desbordes
Veux-tu recommencer la vie,
Femme, dont le front va pâlir ?
Veux-tu l’enfance, encor suivie
D’anges enfants pour l’embellir ?
Veux-tu les baisers de la mère
Echauffant les jours au berceau ?
– « Quoi ? mon doux Eden éphémère ?
Oh ! oui, mon Dieu ! c’était si beau ! »
Sous la paternelle puissance
Veux-tu reprendre un calme essor,
Et dans des parfums d’innocence
Laisser épanouir ton sort ?
Veux-tu remonter le bel âge,
L’aile au vent comme un jeune oiseau ?
– « Pourvu qu’il dure d’avantage,
Oh ! oui, mon Dieu, c’était si beau ! »
Veux-tu rapprendre l’ignorance
Dans un livre à peine entr’ouvert ?
Veux-tu la plus vierge espérance,
Oublieuse aussi de l’hiver ?
Tes frais chemins et tes colombes
Les veux-tu jeunes comme toi ?
– « Si mes chemins n’ont plus de tombes,
Oh ! oui, mon Dieu, rendez-les-moi ! »
Reprends donc de ta destinée
L’encens, la musique, les fleurs !
Et reviens, d’année en année,
Au temps qui change tout en pleur ;
Va retrouver l’amour, le même !
Lampe orageuse, allume-toi !
– « Retourner au monde où l’on aime ?…
O mon Sauveur, éteignez-moi ! »
Merci beaucoup de ce chapitre ….
A part le nom d’Isabelle Autissier et que c’était une navigatrice je ne savais pas grand chose d’elle.
Chaque jour où on apprend quelque chose n’est pas une journée perdue.