Les dernières consignes d’exercices ont généré de très jolies productions. Cette semaine nous vous faisons deux propositions. Tout d’abord l’écriture d’un texte court sur nos infimes plaisirs, sans consigne de forme. A vous de l’inventer.
Avec le deuxième, nous progressons dans la technique en abordant le mot générateur. Il permet d’écrire un texte plus riches à la fois en vocabulaire et en sonorités tout en stimulant l’imaginaire.
PLAISIRS MINUSCULES
Sur le modèle des petits plaisirs de Philippe Delerm lus en ce moment par Benoît, allons encore plus loin et évoquons nos plaisirs minuscules, Souvent liés aux rituels enfantins, ils paraissent de peu d’importance, on s’y livre sans même y penser mais ce serait une petite souffrance d’y renoncer.
Ecrire un texte court sur ce thème. La forme importe peu.
Le couvercle du pot de Danone
Tout d’abord, tirer la languette du couvercle de souple argent
Détacher délicatement
Certains le posent au bord de l’assiette
Grossière erreur. Le meilleur est sur le couvercle.
D’abord les bords.
Puis l’intérieur, léché consciencieusement
Jusqu’il soit net, brillant parfaitement
Le goût de chocolat s’installe délicieusement.
Alors, il est temps
D’attaquer le pot proprement.
Croquer les pépins de la pomme
Le meilleur est dans le pépin.
Couper en deux la pomme
Le couteau en tranche quelques-uns
Manger les autres.
N’en oublier aucun.
Les croquer tous, en somme.
Puis peler le fruit, enfin.
A vous !!
Confinement au printemps
A travers ma fenêtre, éblouie par le spectacle du printemps et pourtant prisonnière dans cette maison.
Le jeux des oiseaux, l’éclat des fleurs à la lueur d’un ciel bleu lagon.
Émue devant cela, la vie, toutes ces choses infimes mais essentiellement magnifiques et pour le moment inaccessibles.
Justine
La grenade
D’abord, faire le tour du grenadier, palper, tâter les fruits.
Trouver celui à la maturité parfaite, la peau un peu jaune, presque craquelée.
Le cueillir en douceur, l’éplucher, dégager les grains rouges, libérer l’accès.
Attention à la membrane jaune des loges, un peu amère qui gâche le plaisir.
Attraper du bout des dents tous les grains d’une loge.
Croquer.
Le jus sucré explose en bouche, délice désaltérant…
Savourer l’instant…
La saison des pollens, des graminées. La fête aux allergènes, est arrivée.
Il est temps de dégainer l’ arme fatale.
Cet objet si petit , à l’aspect inoffensif, qui plus qu’un soulagement, offre à l’oreille grandement agacée, un pur moment d’extase
En choisir un dans la boite selon la couleur du jour et de l’apaisement : sera-ce blanc, jaune, bleu ou rose layette ?
Aux 2 extrémités de la fine tige, comme une promesse de caresse, une petite boule arrondie ouatée, duveteuse.
Il ne faudrait introduire le stick que dans le pavillon externe, mais la tentation est trop forte. La main guide délicatement la baguette qui va orchestrer le parcours, tel un G.P.S. ,dans le conduit auditif
Là, descendre encore un peu, un peu plus à gauche, remonter légèrement, encore un peu, on y est presque. Ah oui ! ça y est, maintenant faire tourner, lentement, lentement .
Qu’importe le sens, susurre le bâtonnet qui va nous soulager
Comment décrire la rencontre du coton tige et de l’oreille irritée ?
C’est Grandiose, Gigantesque, Génial
Un secret délice , Un orgasme intimiste
Dans le milieu de la tasse, il est là, tout brillant, tellement noir comme un miroir profond.
Alors arrive le moment du petit carré de chocolat, ah non, juste un morceau d’abord, un coin, qui va fondre dans la bouche et enfin se noyer dans une toute petite gorgée de café un peu brûlant.