La nuit errante
Tableau : Mondrian, Arbre
Ce matin, comme un vieux sage, le tilleul s’est incliné vers moi et je crois pouvoir le dire : nous avons échangé quelques mots. L’été, son feuillage immense contient tous les chants des oiseaux. C’est cela qu’il a voulu me dire ce matin, me tendre sa froide solitude car il n’y a ni chant ni soleil en ce début d’hiver. Passant l’un près de l’autre, sans même se toucher, nous nous sommes donnés un peu de chaleur. Il est nu sans ses feuilles mais il ne se plaint pas. Il est tout à la tâche d’être là tout bonnement. Il laisse couler la rivière des jours entre ses branches. Il m’attend sans m’attendre. Il est toujours là, présent pour nous tous. En cela plus fidèle, bien plus fidèle qu’un ami. Combien je fais piètre figure à côté de lui !
L’arbre est maigre ces jours. Les oiseaux et les feuilles l’ont laissé dans un tel état d’abandon ! Il paraît crier un peu au secours avec ses branches chétives dansant devant mes fenêtres. Je marche avec l’ami sur la neige, courant après nos ombres. « Pourquoi parles-tu autant d’enfants et d’oiseaux dans tes livres ? ». Si je traduis sa pensée : pourquoi es-tu aussi naïf ? Je réfléchis un court instant tout en regardant des moineaux frissonner sur un mur et lui réponds à voix basse : « eux ne m’ont jamais trahi. Jamais ».
Très bonne idée que de remettre en vue ce très beau poème de Joël Vernet lu par Anne L. dont nous avons lu récemment d’autres poèmes chez Pauline …certains noms reviennent décidément souvent, ce sont des auteurs qui nous parlent vraiment !
Et à vous ?
Retour sur ce beau poème un matin tôt et justement les moineaux (ou d’autres ) m’accompagnent aussi de leurs tendres pépiements ; ils ne m’ont pas trahie moi non plus, encore moins depuis le confinement … et j’aime aussi ce tableau de Mondrian.
Quant aux enfants, peuvent-ils trahir ? Non, ils grandissent seulement.
La voix, le texte me rendent sensibles des beautés éloignées de mon univers intime. Merci