Pour ce troisième texte d’introduction à notre lecture du 30 septembre qui mettra Boris Vian à l’honneur, nous avons choisi un sonnet tiré de Cent sonnets ; ces sonnets, rédigés par le jeune Vian de 1940 à 1944, ne furent pas publiés de son vivant mais en 1984 chez Christian Bourgois, puis en 1997 au livre de poche. 

Cent sonnets  ouvre cette réédition protéiforme d’œuvres de Boris Vian intitulée «Spectacles, Chansons, Comédies Musicales».

Allison Durand  écrit dans sa préface « Retenir les trois sections Hors cadre, Zazous et Tartelettes anodines de ce recueil de Cent sonnets, c’est vouloir révéler d’emblée aux lecteurs des aspects essentiels de l’œuvre de Vian.»  (…)

Un peu loufoque, un peu blasphématoire/ Un peu gai quelquefois, un peu triste en passant (…) écrit Boris Vian lui-même dans le premier poème À mon lapin.

HOT, dont texte et lecture suivent, fait partie de la première section Hors Cadre et de la catégorie un peu triste en passant …!

Calme plat – mer blême – Ciel vide

Soleil terrassé dans un coin

Autour des mâts tournent sans fin

Quelques vagues oiseaux livides

 

Le ventre des voiles se ride

Et pend depuis tant de matins…

Le goudron fond au fond des joints.

Dans toute l’étendue aride,

 

Sans mouvement et sans couleur

Sous l’éreinte de la chaleur

Les ombres tombent, plates, mortes.

 

 Et l’océan, ciment luisant

Fait prise, emprisonnant, gisant

L’inerte vaisseau qu’il supporte…