La petite salle de la Rampe Rouge de l’Espace Magnan était comble pour se mettre à l’heure iranienne ! Les doux sons du setâr d’Hossein ont démarré l’évocation de cette série de lectures qui nous ont fait voyager dans le temps et sur la terre d’Iran. Saisissement de connaître cette figure pionnière du féminisme que fut en 1848 Tahireh enlevant son voile devant une assemblée d’hommes religieux (comme le montre la gravure ci-dessus). Elle finira étranglée en prison, après avoir proféré cette phrase prophétique « Vous pouvez me tuer si vous le voulez, mais vous ne pourrez jamais arrêter l’émancipation des femmes.»
Alborz accompagna Hossein sur certains morceaux et réalisa aussi un solo remarquable sur son tomback, instrument à percussion. La soirée se termina par un duo de leur création à partir de poèmes d’Hafez et Rumi, grands poètes de la tradition persane.
Les textes lus émanaient d’autrices iraniennes ou franco-iraniennes exilées. Les thèmes évoqués parlent bien sûr de la condition des femmes ces quarante dernières années mais aussi de la censure, des arrestations, des brutalités voire des assassinats tous récents. Cependant nous avons pu sourire parfois car c’est ce que peut magiquement faire la littérature : nous faire sourire après avoir évoqué des atrocités qui nous serrent le cœur.
Parmi le public il est à noter qu’il y avait une certain nombre d’iraniennes et d’iraniens qui ont repris d’une seule voix le slogan Zan, Zendegi, Azadi (Femme Vie Liberté !)
Dessins réalisés par des enfants à l’Espace Magnan pendant un atelier mené par Fleur Aubert
Lectrices, lecteurs, musiciens et public pendant les lectures des 3 et 8 mars
Photos Rémi Tournier
Et mercredi 8 mars à La Trinité …
Magnifique soirée à la médiathèque de La Trinité. De beaux discours en l’honneur des luttes de toutes les femmes de par le monde et spécialement celles des Iraniennes, des Pakistanaises, des Afghanes et d’autres encore qui subissent le joug religieux et patriarcal. Et puis des textes d’autrices iraniennes évoquant des réalités de ces dernières décennies et la musique au sêtar par Hossein Taheri. Tout le public a pu joindre sa voix aux mots de la chanson de Shervin Hajipour , « Barâyé » devenue célèbre dans le monde entier … FEMME, VIE, LIBERTE.
On peut retrouver sur les réseaux sociaux les clips de la chanson Barâyé
– dans la version de Marjane Satrapi :
https://www.youtube.com/watch?v=nUfvSczd6T8
– dans la version québecoise :
https://www.youtube.com/watch?v=4mMqDzofYZk
Comme beaucoup d’auditeurs et d’auditrices nous le demandent souvent à la fin de nos lectures, voici les références des textes et des autrices de
« Voix de femmes iraniennes »
Nasim VAHABI Née en 1990 en Iran. Vit à Paris
JE NE SUIS PAS UN ROMAN
Publié en francais aux Editions Tropisme en 2022
Parinoush SANIEE Née en 1949 à Téhéran
LE VOILE DE TEHERAN
Publié aux Editions Laffont en 2015
traduit en francais par OdileDemange
Azar NAFISI Née en 1955 à Téhéran.
Revient en Iran en 1979, exclue en 1981 de l’université.
Enseigne à Washington
LIRE LOLITA A TEHERAN
Publié en 2017
traduit de l’anglais par Marie-Héléne Dumas
Myriam MADJIDI Née en 1980 à Téhéran,
Retour en Iran en 2003
MARX ET LA POUPEE
(Prix Goncourt du premier roman)
2017 Editions Nouvel Attila
Nahal TAJADOD Née en 1960 à Téhéran
ELLE JOUE
Publié à Paris Edition Albin Michel en 2013
Chahdort DJAVANN Née en 1967 en Iran,
incarcérée en 1980, fuit en 1994 à Paris
JE NE SUIS PAS CELLE QUE JE SUIS
Publié en 2011 chez Flammarion
Delphine MINOUI Née en France en 1974,
s’installe de 1999 à 2009 en Iran comme journaliste
JE VOUS ECRIS DE TEHERAN
Publié en 2005 au Seuil
(raconte les années iraniennes de 1997 à 2009)
Forough FARROKHZÂD 1934-1967 en Iran
UNE AUTRE NAISSANCE
(recueil de poèmes) 1964 Téhéran
Traduit du persan par Laura Tirandaz et Ardeschir Tirandaz
Ed. Hors-Limite 2022
Parmi tous les chants, elles chantent la version iranienne de « Bella Ciao » dont il existe de nombreuses versions dans le monde. Bella Ciao est un chant ouvrier italien dont les origines remonteraient à plus d’un siècle. Il était interprété par les mondines (1), qui dénonçaient leurs difficiles conditions de travail. Repris par les opposants au régime fasciste de Mussolini avec des paroles légèrement différentes, elles écrivent l’adieu d’un partisan à sa belle. Cette chanson est devenue au fil du temps un hymne planétaire à la résistance contre toute forme de violence et de répression. Le poète coarazien Alan PELHON en écrivit une version niçoise en juillet 1992 (2). Depuis peu, il est devenu l’hymne de la révolte en Iran. (1) femmes qui désherbaient dans les rizières de la plaine du Pô. (2) cf. texte in « Lou cansounié » Corou de Berra. Ed. SERRE 1998.
Merci beaucoup de ces précieuses précisions!