Poème mis en musique et chanté par Franck Berthoux

Louise Michel            Chansons d’oiseaux               avril 1861

Les hirondelles

Hirondelle qui vient de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,

Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.

Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.

Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime !
Je ne sais quel écho par toi m’est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.

Paru dans le volume   « Louise Michel, Œuvres posthumes, volume premier, Avant la Commune  », Edition de la librairie internationaliste en juillet 1905, préfacé par Laurent Tailhade.

L’éditeur concluait son introduction par ces mots : « Louise Michel n’a que faire d’un monument pour vivre dans la mémoire des hommes libres ; c’est son œuvre au contraire, qui leur montre le chemin de la Liberté. Que tous ses écrits soient semés, répandus à pleines mains dans les vigoureux sillons de ce peuple qu’elle a tant aimé, et la moisson sera féconde. »