Rarement un épisode aussi bref aura laissé une empreinte si grande, et pas seulement en France. Dans un contexte tragique de défaite et d’occupation, la Commune fut une tentative inédite de pouvoir populaire, portée par l’espérance de la « vraie République », de la « République démocratique et sociale » où l’égalité et la souveraineté populaire ne seraient pas des mots creux.

La Commune est la troisième révolution du XIXe siècle français, après 1830 et 1848.

Il y eut la guerre entre la France du Second Empire et la Prusse en juillet 1870, avec ses défaites, puis la chute du régime et l’installation d’une nouvelle République le 4 septembre 1870.

Il s’agit d’une révolte patriotique du peuple contre la capitulation du pouvoir impérial  face aux Prussiens (Sedan, septembre 1870).

Proclamation de la République le 04 septembre

La transition politique est particulièrement vive à Paris : la capitale est alors une ville industrielle avec une forte concentration ouvrière et l’une des plus républicaines du pays.

Dès septembre 1870, tandis que se constitue un gouvernement de la Défense nationale et que les Parisiens sont mobilisés pour rejoindre la garde nationale, certains quartiers expérimentent des formes d’auto-administration et des tentatives avortées de prise de pouvoir.

La capitale subit un long siège de quatre mois, assombri par un hiver terrible. La capitulation en janvier, les exigences exorbitantes de la Prusse (telle la cession de l’Alsace-Lorraine), les élections de février 1871 qui voient les monarchistes majoritaires à l’Assemblée nationale exaspèrent les Parisiens. Le 10 mars, l’Assemblée nationale, qui s’était repliée à Bordeaux, décida de s’installer à Versailles, décapitalisant Paris. L’humiliation est forte.

Pour éviter tout dérapage lors des négociations de la signature du traité de paix, Thiers décide de reprendre les canons de la garde nationale parisienne. Mais les soldats mettent la crosse en l’air et fraternisent. Thiers s’enfuit à Versailles.

Vient le « 18 mars » : ce jour-là, au petit matin, à Montmartre, les troupes versaillaises se heurtent à l’opposition de la population. La confrontation se mue en insurrection, un scénario qui se répète à Belleville, à la Bastille. Débute ensuite un processus de reconquête depuis les quartiers périphériques vers le centre. Ce mouvement est populaire et spontané, les organisations révolutionnaires n’intervenant qu’après coup. Au soir du 18 mars, le Comité central de la garde nationale occupe l’Hôtel de Ville. Mais d’après Henri Guillemin il n’a alors qu’une position défensive et ne parle pas de faire des barricades.

La ville est « libre ».

Par la suite des bataillons droitiers lancent une manifestation sanglante place Vendôme aux cris de « Vive l’ordre ! bandits ! Assassins ! » au cours de laquelle des gardes nationaux sont touchés dont 2 tués. En réalité les gardes nationaux ont tiré en réponse aux tirs des manifestants. Jules Vallès déclare le 23 mars dans le Cri du peuple : « La fraternité, pas la guerre ! »

Ce n’est que le 28 mars, après une semaine dite ensuite « d’incertitude » que la proclamation des résultats officialisera la proclamation de la Commune de Paris. À ce moment-là, d’autres Communes existent ou se préparent à exister en France, à Lyon, Marseille, Toulouse ou au Creusot. La Commune de Paris est la plus conséquente.

 

(d’après Quentin Deluermoz, Communes 1870-1871, Ed du Seuil, 2020 et Henri Guillemin, conférences données en 1971 sur la radio suisse RTS.)