Les poètes de la Commune par Maurice Choury Ed Seghers 1970 réédité en 2021

Né le 31 mai 1836 à Boulogne-sur-Seine, fils d’un meunier aisé, Jean-Baptiste Clément quitte très jeune ses parents pour vivre sa vie. Il passe « par trente-six métiers et bien plus de misères », successivement apprenti chez un garnisseur en cuivre, garçon de café, commis d’architecte, terrassier, mais surtout trimardeur.

Grand admirateur de Pierre Dupont il compose des romances ; c’est en Belgique qu’il fait éditer en 1867 l’immortel chef-d’œuvre qu’il a composé l’année précédente à Montmartre, Le temps des cerises, chanson d’amour à laquelle l’agonie de la Commune donnera une signifi­cation nouvelle.

Rentré en France en février 1868, Jean-Baptiste Clément fonde Le casse-tête et collabore à La Réforme. Arrêté le 4 mars 1870 pour délits de presse (« Offenses envers l’Empereur », « provocations à commettre plusieurs crimes ») il est condamné, à une année de prison.

Pendant le Siège des Prussiens il fait partie du 129° bataillon de marche de la Garde nationale. Les réunions publiques l’élisent au Comité de vigilance de Montmartre. Il collabore au Cri du Peuple de Jules Vallès et, après l’insurrection du 18 mars, il est élu à la Commune, par le XVIIIe arrondissement, en compagnie de Blanqui, Theisz, Dereure, Théophile Ferré, Vermorel et Paschal Grousset. Pendant le second Siège son activité est débordante. Il est membre de la Commission des services publics, délégué aux ateliers de fabrication de munitions, membre de la Commission de l’enseignement, délégué à la mairie de Montmartre où il prend en toutes circonstances la défense des locataires, des petites gens, des veuves et des malheureux.

Quand les Versaillais, entrés dans Paris contraignent la Commune à abandonner l’Hôtel de Ville, Jean-Baptiste Clément fait partie des irréductibles qui se replient sur la mairie du XIe, puis sur Belleville. Au matin du 28 mai il est de ceux qui tirent les derniers coups de fusil sur la barricade de la rue Fontaine-au-Roi. Caché chez Camille Henricy, un marchand de bois du Quai de Bercy, il compose en juin 1871 son poème La Semaine sanglante.

Il parvient à gagner Londres où, pour subsister il fera toutes sortes de petits métiers, notamment encadreur d’estampes. Le 24 octobre 1874 il est condamné à mort par contumace. Il ne rentre en France qu’en janvier 1880, après l’amnistie, et habite un modeste logis à Montmartre, 53 rue Lepic l où le 14 juillet 1881 il arbore le drapeau rouge. Il milite dans les rangs du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire puis après 1890 aux côtés de Jules Guesde et Paul Lafargue. Pendant près de dix années il mène une active propagande syndicaliste et socialiste dans le département des Ardennes, parcourant la province, y organisant des points d’appui pour le peuple révolutionnaire de la capitale et cherchant à gagner des alliés à la classe ouvrière. Condamné à deux ans de prison pour son action au lct mai 1891, sa peine est réduite en appel à la suite d’un vaste mouvement populaire de protestation.

En 1895, prématurément vieilli, il accepte un petit emploi à la mairie de Saint-Denis et finit ses jours comme gérant de la librairie socialiste boulevard de Clichy, le 23 février 1903.

Chansonnier, journaliste, Jean-Baptiste Clément a également révélé de vrais dons d’écrivain dans La revanche des Communeux, ouvrage publié en 1886, où il excelle à recréer la réalité par des portraits rapidement brossés et un dialogue riche en couleurs.

*1. Il habitera par la suite et jusqu’à sa mort, 110, rue Lepic où une plaque rappelle son souvenir.