La semaine sanglante (2)

par Jocelyne accompagnée par Jacques

La semaine sanglante
Texte : Jean-Baptiste Clément – musique : Pierre Dupont

Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins
Que des vieillards tristes en larmes
Des veuves et des orphelins
Paris suinte la misère
Les heureux mêmes sont tremblants,
La mode est au conseil de guerre
Et les pavés sont tout sanglants.

Oui mais ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront !

(…)
On traque, on enchaîne, on fusille

Tout ceux qu’on ramasse au hasard.
La mère à côté de sa fille,
L’enfant dans les bras du vieillard.
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouges,
Valets de rois et d’empereurs.

Refrain

Nous voilà rendus aux jésuites
Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup.
Il va pleuvoir des eaux bénites,
Les troncs vont faire un argent fou.
Dès demain, en réjouissance
Et Saint Eustache et l’Opéra
Vont se refaire concurrence,
Et le bagne se peuplera.

Refrain

(…)
Demain les gens de la police

Refleuriront sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service,
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.

Refrain

Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé ?
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?
Jusques à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?
À quand enfin la République
De la Justice et du Travail ?

Refrain

Les refrains 2 et 5 (qui n’apparaissent pas ici) ne sont pas chantés par nombre d’interprètes

 

 

Paroles : Jean-Baptiste Clément (1871) . Du 21 au 28 mai 1871, pendant cette semaine sanglante, les cent mille Versaillais de Monsieur Thiers progressent dans la capitale, et, rue par rue, écrasent les Communards qui résistent depuis deux mois. Le dimanche 28, les dernières barricades tombent à Belleville, cœur du Paris ouvrier. La répression fait au moins trente mille morts, fusillés sans jugement, ce qui constitue le plus grand massacre de l’histoire de Paris. Jean-Baptiste Clément, caché dans Paris, écrit le texte « à chaud ».